samedi 16 mai 2015

La lévisienne

"Plus jamais je ne reviens ici."

Il est midi. Après avoir attendu le bus 40min, puis le chauffeur du bus, puis galéré avec la télécabine (oui! des téléphones publics comme quand j'étais pas née ! Comme quand t'appelais ta maman depuis la colonie de vacances), me voici enfin à Lévis, dans le char de mon Andréanne.

Lévis, c'est notre "d'laut'côtéd'l'eau" (Les Havrais comprendront) québécois, une vieille compétition. J'y étais passée con la Mama cet hiver, on y voit la plus jolie vue de Québec, accoudées au traversier.



Andréanne inspire sa cigarette, soupire sur son café, et hop, Viens mon bébé, on s'en va chez nous.


Son Georges, Nom de Dieu! l'beau félin que l'orage m'apporte.

Entrer chez Andréanne, c'est l'entrée des artistes. C'est courir dans une loge s'y asseoir s'y blottir. Encore émerveillé, transporté par la scène, déposer là sa peur, regarder son regard. La maison d'Andréanne, ça porte de ça dedans. Les miroirs sont sous cadre, t'aimes à t'aimer dedans.
Ya des malles empilées dans l'attente d'un voyage, comme un vieil antiquaire amasse les mirages
Dans l'entrée comme un quai fatigué des départs, ya que des arrivées, des brassées d'embrassades
Ya des malles empilées dans les malles des images. Des mots en petites coupures et des pages et des pages. 
Ya des étoiles de bronze accrochées aux fenêtres
Des bougeoirs à bijoux, des lampes comme des soleils
Ya des toiles des copains des portraits de poètes
De longues voiles grises amarrées aux fenêtres
Des cassettes VHS et des paniers d'osier, des souvenirs de Cuba, un peu de l'île de Ré.
De petits mots doux qui volent, accrochés au frigo, du café chaud qui fume, une main berce le dos 
Des peintures de blanc de vermeille d'océan
Des couleurs en carré et des livres d'enfant.

Et son lit comme une scène, un bateau, un auvent
Une roulotte dans les airs, un balcon de gitan
une estrade d'opérette, une cabane pour les grands
Où s'rouler dans les draps, rigoler dans la laine. 
S'enrouler dans des bras, rire à en perdre haleine.
Un lit où se conter des histoires toute la nuit. Aventures de pirates, pis des pirates de filles.
Cachette à bout d'échelle, hune de moussaillon 

Petit cocon de bois. De bois et de velours.

Et puis des livres. Partout, des livres. Un Gaston Miron m'attend déjà, posé sous les coquelicots. 
"Je suis fleurie", qu'elle dit, la Belle.
M'étonne qu'elle soit fleurie, je t'en raccommoderai des couronnes de fleurs, moi, avec pareil talent.
La comédienne, elle fait de belles choses de ses mains, aussi. Certains le verront à mon retour, j'en emporte un peu dans mes bagages.




D'ailleurs elle et moi, on a joué ensemble, au théâtre. On en parle au matin. "C'était tout plein d'amour, ce projet. On s'est tous aimé fort." Oh que oui.
Je les aime si fort, qu'il faut bien que je vous les présente, mes adorés. Alors commençons par Dame Andréanne de Lévis. Parce que maintenant, je ne saurais plus bien vous parler de Lévis sans vous parler d'Andréanne.

On a fait mille choses, ce jour là, et puis j'ai encore pas pris assez de photos, alors je triche un peu, pardonnez.


On est allées déjeuner au café Mosaïque, puis aux Chutes-de-la-Chaudière, au Fort, au Belvédère, aux magasins, aux friperies, chez elle, sa tante, sa mère...



Et puis en passant par la place, Andréanne me montre où a été enfermée La Corriveau, pour montrer l'exemple...  "Les filles de Lévis, on les disait plus sauvages, elles étaient moins dociles..."

Faut dire que ma fille de Lévis à moi, elle embrasse les jolis garçons près des chemins, là où les cerfs de Noël s'enracinent le temps de façonner leurs bois. Elle s'éloigne jamais des canards, ça lui vaut des baisers. Elle colore de rouge les maisons, les toiles, les lèvres. Elle était maquilleuse, et puis conteuse un peu. Elle pose des mots sur les lèvres comme des baisers. Et des baisers comme des rouges.

Je pourrais parler des heures, de toi, ta maman si drôle, si fine, de toutes ces petites choses. Mais enfin... Je reviendrai.


De l'amour.

A.

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